Le syndrome rotulien

Le syndrome rotulien et la pratique du jogging  Dr Hervé Auquier

Qu'est-ce que c'est ?


Parmi les douleurs les plus fréquentes en jogging, on retrouve les douleurs du genou. Et parmi les douleurs du genou, les douleurs de rotules sont de loin les plus fréquentes.


Le syndrome rotulien est également appelé le syndrome  fémoro-patellaire douloureux.


Ces douleurs correspondent à une inflammation du cartilage du genou mais également des tissus mous alentours (ligaments, graisse de Hoffa, etc).


La douleur est toujours située à la face antérieure du genou. Elle peut être locale, mais est souvent décrite comme une douleur "verticale" de part et d'autre de la rotule. Lors de la pratique du jogging, elle sera perçue au fur et à mesure de la course. Elle sera davantage ressentie lors des descentes, plus rarement en montée. En dehors de la pratique du jogging, elle sera également présente lors des positions assises prolongées (long trajet en voiture, séance de cinéma). C'est ce que les professionnels appellent le signe du cinéma.


Quels sont les facteurs favorisants ?


La douleur rotulienne sera plus fréquente chez les coureurs débutants ou lors d'une augmentation trop brutale du volume ou de l'intensité des sorties. La progressivité est un facteur essentiel dans la prévention des lésions dûes au jogging.  Un changement radical de modèle de chaussures peut aussi être à l'origine du syndrome. Il en va de même lors d'un changement brutal de terrain d'entraînement comme lors du passage sans transition de la course sur route vers le trail.


Sur le plan anatomique, le syndrome rotulien est souvent associé à différentes caractéristiques sur lesquelles le coureur peut travailler. Ainsi, on retrouve fréquemment une raideur de la chaîne musculaire antérieure (Psoas et quadriceps). Un manque de contrôle de la stabilité du genou en charge est également fréquent. Celui-ci est, entre autres, secondaire à un déficit de force des muscles fessiers. Un manque général de stabilité du bassin est également associé au syndrome rotulien. Un manque de force du quadriceps peut également être responsable du syndrome rotulien, mais à contrario son renforcement sauvage également !

Les experts ne sont pas tous d'accord, mais une laxité importante du pied pourrait également être associée au syndrome rotulien. Un pied très (trop) mobile a tendance à s'affaisser trop longtemps lors de l'appui, il entraînera des rotations au niveau du genou. On appelle cela la pronation tardive.


Puis-je encore courir ?


Le jogging est toujours autorisé. Ne plus rien faire serait contre-productif. L'arrêt total du sport entraîne une perte de la force musculaire, elle-même en grande partie responsable du syndrome rotulien.


Le coureur devra gérer son entraînement en fonction de sa douleur. Une douleur de l'ordre de 2/10 pourra être tolérée pendant la course. Cette douleur pourra persister trois ou quatre heures après la course, mais pas plus.

Il est conseillé d'éviter ou de diminuer les séances en descentes et montées ainsi que les séances d'intervalles.


Une préparation physique spécifique devra être entreprise. Elle sera orientée vers la stabilité du bassin par des exercices de gainage (Vidéo A1 à A4), à renforcer le contrôle de la stabilité du genou en charge par un renforcement des muscles fessiers (Vidéos B1 à B4) et à étirer les muscles antérieurs de la cuisse (Vidéos F1 et F2). Des exercices de renforcement des quadriceps sont également vivement conseillés (Vidéos D1 et D2). Par contre, on déconseillera les squats et le renforcement des quadriceps sur banc de musculation.


Remplacer une sortie jogging par une sortie vélo en terrain plat ou par de la natation est également quelque chose à envisager.


Un taping de soutien de la rotule pourra, dans certains cas, être utile pendant la course.


Ma façon de courir a-t-elle une importance ?


Il existe un faisceaux de présomptions scientifiques pour dire qu'une foulée davantage antérieure provoque moins de douleurs de genou et donc de rotule. Mais changer de type de foulée ne s'improvise pas si facilement. Ce que nous suggérons dans un premier temps c'est effectivement de diminuer l'amplitude de la foulée et d'augmenter la cadence de pas. Les entraînements en dénivelés seront évités pendant la convalescence ainsi que les entraînements en intervalles.


Mes chaussures sont-elles en cause ?


Les chaussures sont à incriminer si, peu avant l'apparition des douleurs de rotules, vous avez changé de chaussures sans changer de type d'entraînement ni de terrain d'entraînement. Plus précisément, le fait de passer d'un modèle très rigide à un modèle très souple est souvent délétère surtout chez les coureurs très pronateurs.



Quand dois-je m'alerter ?


Lorsque les douleurs de rotule font suite à une lourde chute, si elles sont accompagnées d'un gonflement du genou, mieux vaut consulter avant de poursuivre le jogging. Une douleur qui va crescendo pendant l'effort et force à s'arrêter, une douleur qui persiste deux à trois jours après l'entraînement doivent pousser le coureur à prendre un avis chez un professionnel de la santé.

Le bon plan


La brochure ci-contre a été éditée par les Pr Christian Barton et Michaël Rathleff, deux spécialistes du syndrome rotulien. Elle peut -être également une aide à la gestion du syndrome rotulien.