L'aponévrosite plantaire

L'aponévrosite plantaire Martin Dayez

Qu'est-ce que c'est ?

 

 

 

L’aponévrose plantaire est une membrane fibreuse reliant la tubérosité postéro médiane du calcaneum à la phalange proximale de chaque orteil. Elle se divise en 3 faisceaux (central, latéral et médial) puis se termine en 5 faisceaux.

 

 

Elle ne transmet de la force que lorsqu’elle est étirée et mise en charge. Son rôle principal est de servir de support pour l’arche du pied et d’absorber les chocs perçus par cette dernière. Il a également un rôle dans la stabilisation, la propulsion et le contrôle sensori-moteur du pied, en synergie avec les autres muscles intrinsèques du pied.

 

Parfois appelée fasciite plantaire, l’aponévrosite plantaire correspond à une inflammation de l’aponévrose plantaire qui se situe très souvent au niveau de l’insertion et plus rarement au niveau du corps du fascia.

Cette pathologie peut parfois s’accompagner d’un excroissance osseuse au niveau du talon, l’épine calcanéenne. Les deux ne sont pas indissociables.

Quels sont les symptomes?


Les patients décrivent souvent une douleur vive à la partie médiale du talon. Cette douleur est le plus régulièrement présente au lever du lit.


Elle a tendance à disparaitre lors de la mise en route mais à tendance à revenir en fin de journée ou  lors de station prolongée ou d’activité imposant trop de charge au fascia.

On peut reproduire les symptomes en étirant passivement les orteils tout en effectuant une flexion dorsale de la cheville. (Test windlass). 


 

Quels sont les facteurs favorisants ?

 

Risque anatomique : une modification de l’arche plantaire, une surpronation, une différence de longueur de jambes ou une torsion tibiale externe, une anterversion excessive du fémur  peut entrainer une mauvaise répartition de la charge.

 

 

La surcharge : L’augmentation trop rapide du nombre de kilomètres parcourus ou de l’intensité de vos séances peut être facteur d’aponevrosite plantaire.

 

 

L’âge :  l’aponevrosite est plus souvent présente entre 40 et 60 ans

 

La surcharge pondérale : L’aponévrose supporte l’entièreté de votre poids, chaque kilos en plus est une charge supplémentaire sur le pied.

 

Chaussage : une chaussure ne correspond pas à votre technique de course ou à vos types d’entrainement peut être un risque supplémentaire.

Plus d’infos sur les chaussures sur : http://running.solutions/chaussures/caract%25c3%25a9ristiques-de-la-chaussure-de-jogging.html

 

Raideur ou faiblesse de la chaine postérieure :  Une raideur ou une faiblesse des muscles du mollet, des tendons d’achilles ou du fascia plantaire va entrainer une traction supplémentaire sur le fascia.

 

Diabète:  le diabète augmente le risque d’aponévrosite plantaire

 

Atrophie du coussinet adipeux du talon : L’atrophie du coussinet peut entrainer une aponévrosite plantaire.

  

Une station prolongée : rester débout de façon prolongée peut entrainer une surcharge du fascia.

 

 

Puis-je encore courir ?


La course est encore autorisée à la condition que votre douleur reste supportable pendant et après l’effort. Pour vous aider à l’évaluer, on autorise une douleur allant jusque 2/10. ( 0 étant une douleur nulle et 10 insupportable). La douleur doit disparaître dans les 24 heures.

Il est possible de faire un tape lors de votre sortie course à pied pour diminuer la douleur pendant l’effort. Une analyse de votre technique de course peut s’avérer utile. Il pourrait en ressortir quelques éléments à modifier afin de soulager votre facia.

 

 

Ma façon de courir a-t-elle un importance ?

 

En fonction de votre type de foulée, vous ne mettrez pas la même tension sur le fascia plantaire.

Il est important de savoir qu’il n’y a pas de bonne ou de moins bonne façon de courir.

Il n’est pas utile de modifier votre foulée si la course n’entraine pas de symptômes. Si par contre vos douleurs apparaissent surtout pendant et après la course à pied, l’analyse permettra, si nécéssaire, de vous guider dans la modification de votre foulée.

 

 

Mes chaussures sont-elles en cause ?

 

Vos chaussures sont un élément essentiel dans la course à pied. Le changement de chaussures peut s’avérer dangereux et entrainer des douleurs. Il peut également s’avérer une aide importante dans le traitement de vos douleurs. Il est important lorsque vous changez de chaussures de fonctionner de manière progressive.  La chaussure présente différentes caractéristiques comme sa flexibilité, son poids, son épaisseur, ses différentes technologies de stabilité et son drop qui lui confère une indice minimaliste plus ou moins élevé. Il peut être un bon indicateur pour classifier votre chaussure. En cas de choix vers une chaussures plus “minimaliste”, il est d’usage de prendre un mois de transition par 10% d’indice minimaliste en plus sur vos chaussures.   

  


Quand dois-je m'alerter ?

 

Vous devez vous alertez lorsque :

  • Vos douleurs ne passent pas malgré une diminution de la charge en course à pied.
  • Lorsque le matin, il vous faut quelques pas avant de pouvoir effectuer un pas normal.
  • Lorsque quand vous vous palpez le pied, vous avez une zone hypersensible sous le talon
  • Lorsque vous adaptez votre marche afin de soulager les douleurs.

 

Des pistes de traitement ?


Phase 1 : réduction de la douleur et des symptômes : Les orthèses, les étirements, le MTP, les ondes de choc, le laser et le dry needling peuvent vous aider à diminuer vos douleurs. La combinaison de différentes thérapies semble être le plus efficace

Phase 2 : rééducation par la gestion de la charge et par l’exercice : Il faut réhabiliter la structure et les tissus touchés par le biais d’un programme d’exercice progressif ainsi qu’essayer de mettre en place des stratégies permettant de charger correctement le fascia plantaire pendant son rétablissement.

Il est possible d’avoir des flambées soudaines de symptômes. Elles deviennent généralement de moins en moins importantes au fur et à mesure du temps.

 

Aides complémentaires

Beaucoup de personnes espèrent que leur thérapie pourra être en grande partie passive.

  • Ondes de choc : Dans la littérature, Il existe des preuves contradictoires concernant le rôle des ondes de choc dans la prise en charge des fasciites plantaires. Les experts conseillent cependant de tester si votre thérapeute a l’appareil en combinant cela avec la thérapie par l’exercice.
  • MTP : Le massage transverse profond permet de détendre les structures. Il doit être accompagné d’une thérapie par l’exercice pour de meilleurs résultats.

 

  • Orthèses : La littérature est aussi partagée sur la question des orthèses. Les semelles vont modifier vos points d’appui afin de mieux répartir la charge du poids du corps. La pression au niveau du talon va donc être diminuée. Il semblerait qu’il y ait une efficacité des orthèses mais qui ne varie pas de manière significative en fonction du type d’orthèse.

 

  • La thérapie par laser et le dry needling: Ce sont des thérapies qui semblent montrer un intérêt dans le traitement de l’aponévrosite. Cependant, il faudrait encore des études pour confirmer cette efficacité. Il faut notamment définir le nombre de séances et la fréquence de celle-ci.

 

  • Exercices : La gestion de la charge est le point clé du traitement, il n’y a pas de règles bien définies, il s’agit de sensations et de réponses aux symptômes.

Exercices de renforcement du fascia plantaire : l’exercice le plus courant consiste à placer une serviette sous les orteils et du pied douloureux et de monter sur la pointe des pieds.  On retrouve différents protocoles dans la littérature quant au nombre de répétitions :


 Rathleff propose d’exercer tous les deux jours pendant 12 semaines avec 3secondes en montée (phase concentrique), 2 secondes en haut (isométrique) et un abaissement de 3 secondes (phases excentrique).


Semaine 1-2 : 3x12 répétitions


Semaine 2-4 : 4*10 répétitions en ajoutant des livres dans un sac à dos


Semaine 4 et plus = 5*8 répétitions en ajoutant des livres dans un sac à dos


Caratun propose lui une série de   10 répétitions (montée 5 secondes, 3 secondes en haut et 5 secondes pour descendre) pendant 4 semaines avec juste le poids du corps. Après jusqu’à la semaine 12, il préconise de charger progressivement un sac à dos.

  • PRP : plasma riche en plaquette : Il existe également des controverses sur le sujet du PRP dans la littérature. Il est conseillé de ne pas commencer son traitement par cette thérapie et de l’envisager en cas d’échec des autres thérapies.
  • Acupuncture : l’acupuncture peut également être une option.
  • Chirurgie : A envisager que chez un patient présentant des douleurs persistantes et graves.
  • Attelle de nuit : Elles maintiennent la cheville en flexion dorsale. Les preuves sont cependant assez limitées dans la littérature.
  • Talonnette en gel : Elles peuvent être utile lorsque les douleurs sont importantes et que la fonction du patient est limitée fortement. Il n’existe cependant pas de preuve scientifique.
  • Injections de stéroïdes : très fréquemment utilisée. Elle est efficace à court terme mais souvent l’amélioration ne se poursuit pas au-delà de 4 semaines. Il faut être prudent car il existe une possibilité de rupture du fascia.
  • Étirements : On se concentre essentiellement sur les muscles du mollet ou sur le fascia lui même

 

Références :

 

Petraglia, Ramazino, Constantino, Plantar fasciitis in athletes: diagnostic and treatment strategies. A systematic review; Muscles, Ligaments and Tendons Journal 2017;7 (1):107-118

Robert Caratun MSc Nicole Anna Rutkowski Hillel M. Finestone MD CM FRCPC Stubborn heel pain. Treatment of plantar fasciitis using high-load strength training, Robert Caratun MSc Nicole Anna Rutkowski Hillel M. Finestone MD CM FRCPC

Kumka, M., & Bonar, J. (2012). Fascia: A morphological description and classification system based on a literature review. The Journal of the Canadian Chiropractic Association, 56(3), 179-191. En ligne : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3430451/

Esculier et al. Journal of Foot and Ankle Research (2015) 8:42 A consensus definition and rating scale for minimalist shoes

Mélanie Boucly, Antoine Péricaud : Les traitements de la fasciite plantaire accessibles en soins primaires:une revue systématique de la littérature et méta-analyse

 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01764330

 

McKeon, P. O., Hertel, J., Bramble, D., & Davis, I. (2015). The foot core system: A new paradigm for understanding intrinsic foot muscle function. British Journal of Sports Medicine, 49(5), 290. doi: 10.1136/bjsports-2013-092690

 

Rathleff, M. S., Mølgaard, C. M., Fredberg, U., Kaalund, S., Andersen, K. B., Jensen, T. T., Aaskov, S., & Olesen, J. L. (2015). High-load strength training improves outcome in patients with plantar fasciitis: A randomized controlled trial with 12-month follow-up: HL strength training and plantar fasciitis. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 25(3), e292‑e300. doi: 10.1111/sms.12313

 

Young, C. C., Rutherford, D. S., & Niedfeldt, M. W. (2001). Treatment of plantar fasciitis. American Family Physician, 63(3), 467‑474, 477‑478. En ligne: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11272297

 

https://www.pogophysio.com.au/blog/plantar-fasciitis/

Beumier, Dayez : Revue des traitements de la fasciite plantaire