La pandémie a touché aveuglément toutes les strates de la population, les sportifs n’ont pas été épargnés. Chez ceux-ci la question de la reprise de l’activité physique se pose un jour ou l’autre.
S’il n’existe pas de recette type, le British medical journal , dans un article récent (1), propose un schéma de reprise graduel basé sur la progressivité des exercices et leur tolérance par l’organisme.
Mais avant de se poser la question de la reprise, il faut prendre en compte la sévérité de l’affection et les organes atteints par l’infection. Ces facteurs guideront la démarche de reprise du sport
On le sait le covid-19 peut atteindre plusieurs organes de façon plus ou moins sévère. Les poumons sont le plus souvent touchés. La gradation va de l’absence de symptôme à la pneumonie sévère pouvant entraîner une intubation et assistance respiratoire. Le myocarde (muscle cardiaque) peut aussi présenter une inflammation (myocardite) parfois asymptomatique mais pouvant s’accompagner de troubles du rythme cardiaque, de douleurs thoraciques, de syncopes et de décompensation cardiaque globale. Un étude publiée en novembre 2020 a montré sur 100 patients atteints de covid que 60 % présentaient une inflammation du myocarde. Parmi ceux-ci 33% ont eu des symptômes sévères et ont dû être hospitalisés, 67% ont pût être traités à domicile. Les vaisseaux sanguins peuvent être le siège de thromboses. Il ne faut pas négliger les différentes affections psychologiques accompagnant l’infection au covid-19 : anxiété, état de stress post traumatique, dépression, psychose. Plus rarement on rencontre des atteintes articulaires ou gastro-intestinales sévères.
On le sait la pratique sportive est recommandée chez tout le monde. Les autorités compétentes en santé publique recommandent 150 minutes par semaine d’une activité physique faible à modérée (comprendre une activité où l’on n’est pas essoufflé et pendant laquelle on est capable de parler) ou 75 minutes par semaine d’une activité modérée à intense. Le tout assorti d’exercices physiques musculaires comme jardiner, porter ses sacs de courses lourds, favoriser les escaliers à l’ascenseur,…
Cependant après une atteinte virale pulmonaire ou cardiaque, il existe des risques inhérents à une reprise sportive trop longue ou trop intensive. D’où l’utilité, d’une part, de bien cerner le profil du sportif, la gravité de son atteinte virale, son passé médical et sportif et, d’autre part, de proposer une reprise graduelle. En deux mots personnaliser et graduer.
Les experts s’entendent pour dire que la reprise d’activités sportive peut se faire après une période de sept jours totalement asymptomatique. Pour être plus précis encore on dira que si pendant sept jours le patient a pu mener sans fatigue ses activités domestiques et est capable de marcher 500 mètres sans essoufflement ni fatigue, il a le feu vert pour une reprise progressive. Pour autant, cela va de soi, qu’il était capable de réaliser ces tâches avant l’infection !
Pour le patient qui a été hospitalisé il sera recommandé de ne reprendre l’activité physique qu’après un bilan cardiologique et pulmonaire approfondi. Cette reprise de fera de préférence dans un centre de revalidation médicale.
Le patient qui a présenté des symptômes d’ordre cardiaque tels que douleurs thoraciques, palpitations, syncopes, vertiges devra subir un examen cardiaque complet. En cas de signe d’atteinte du myocarde et même en l’absence de symptôme il est recommandé d’éviter toute activité sportive pour une durée de 3 à 6 mois. Par la suite la reprise sportive se fera en centre médical spécialisé.
Le patient présentant ou ayant présenté des troubles d’ordre psychique, digestif ou articulaire devra faire une mise au point précise et un traitement ad hoc avant de reprendre l’activité sportive par lui-même.
Les autres patients covid pourront reprendre par eux même une activité sportive progressive.
L’article du British journal of medicine a l’avantage de présenter un plan de reprise clair et facile à mettre en œuvre. Celui-ci a été établi après la lecture d’une trentaine d’articles publiés dans des revues scientifiques de référence entre 2019 et 2020.
La reprise est programmée sur cinq phases durant au minimum chacune une semaine. On ne passera à la phase suivant que si les exercices proposés peuvent être réalisés sans symptôme anormal, fatigue ou essoufflement.
La phase 1 sera composée d’exercices très simples tels que la marche sur quelques centaines de mètres, s’atteler à des tâches ménagères légères ou du jardinage léger. Des exercices de respiration, des étirements musculaires, des exercices basiques d’équilibre (rester debout les yeux fermés, marcher le yeux fermés sur une ligne droite de 5 à 6 mètres). La perception d’effort par le patient doit être quasiment nulle. Pour avoir une idée de l’intensité très faible, le patient doit être capable de tenir une conversation fluide pendant la pratique de ces effort.
La phase 2 comprend des exercices de faible intensité tels que marcher, faire du yoga, Il est recommandé d’augmenter la durée des efforts de 10 à 15 minutes chaque jours. La perception de l’effort doit être très légère. En fin de phase 2 le patient doit pouvoir marcher 20 minutes avec un ressenti d’effort léger.
La phase 3 consiste à travailler l’endurance et la force musculaire progressivement. Deux blocs de 5 minutes d’efforts séparés d’une phase de repos sont conseillés. Marche rapide ou en dénivelé, jogging, vélo, natation, montée d’escaliers. Selon la tolérance un bloc de plus est ajouté chaque jour. Le ressenti d’effort doit être modéré, c’est-à-dire que le patient ne doit pas se sentir court d’haleine et est encore capable de parler pendant l’effort. En fin de phase, le patient doit être capable de réaliser une session de 30 minutes à une intensité modérée à forte et doit pouvoir récupérer en une heure de repos post-effort.
La phase 4 reprend les exercices de la phase 3 en incluant des exercices de coordination tels que jogging avec pas chassés, exercices d’équilibre, parcours de musculation (fentes, squads, gainage,..) le ressenti doit toujours être modéré.
La phase 5 correspond à la pratique sportive habituelle. Mais attention, le niveau de l’athlète n’est plus du tout celui d’avant la maladie. Régularité et progressivité sont plus que jamais les maîtres-mots de la reprise. Le temps perdu est perdu, on recommence !
Le niveau d’intensité ressentie doit être modéré à fort.
Il est recommandé de prolonger les phases en fonction du ressenti personnel. Des signes comme l’essoufflement, la fatigue ou un rythme cardiaque élevé signifient un effort trop intense. Il convient dans ce cas de prendre avis chez son médecin et retourner à la phase précédente